https://lejournal.cnrs.fr/articles/les-emotions-faconnent-nos-democraties-capitalistes
Je choisis de vous partager cet article pour la rentrée de yoga 2025, car si le yoga est une pratique corporelle , elle est aussi une pratique de connaissance de soi et pour mieux vivre en connaissance de soi relié aux autres;
L'image de l'ascète yogi, ou de l' ermite, de l'isolement ou du recueillement est parfois un temps nécéssaires et pour mieux revenir parmi le groupe d'humain, chercher à le comprendre, trouver dans nos émotions des voies.
Cet article que j'ai trouvé passionnant montre aussi que nos émotions sont liées à des situations sociales et sociétales et que nous ne pourrons pas être tout puissant dans le gestion de nos émotions; " Foutez - vous la paix" c'est une phrase que j'ai souvent entendu dans le bouche des " vieux prof de yoga !
Bonne rentrée
un morceau de l'article: en question
de Eva Illouz1 Les émotions ne sont pas à l’intérieur de nous comme on serait à l’intérieur d’une chambre avec la porte fermée. Le monde social ne cesse d’agir en nous à travers des normes, des récits culturels, des idéologies. Des forces sociales comme le marché, la culture de masse ou encore le régime politique de la démocratie modèlent notre intimité et s’y infiltrent. Elles influencent en retour l’expérience et l’expression de nos émotions dans l’espace public. L’enjeu, pour la sociologue que je suis, c’est de comprendre l’articulation entre, d’un côté, le vécu biographique, la subjectivité et, de l’autre, les structures et les institutions sociales.
et plus loin
Comment, alors, affronter le « malaise dans nos vies intérieures », dont vous faites le diagnostic ?
E. I. En reconnaissant déjà qu’il y a des raisons objectives au malaise. Nous n’avons jamais autant vécu dans des conditions culturelles, politiques et psychiques qui créent de l’attente. Tout, ou presque, est devenu attente, espoir, plan, programme, ambition, rêve, même à l’échelle la plus modeste. La majeure partie de ces attentes seront déçues. Il faut donc changer les conditions de cet attentisme vide. Identifier ce qui, dans nos déceptions, relève d’une souffrance collective.
Nous devons opérer un déplacement : sortir de nous-mêmes et de l’introspection, détourner le regard de soi, cesser de surinvestir nos émotions comme s’il s’agissait de la seule vérité possible. Autrement dit, il faut nous « dénarcissiser » pour réinvestir l’espace public et partagé. C’est ce qu’a fait le mouvement féministe de ces dernières années : donner un nom à un mal-être diffus, nommer des émotions qui étaient refoulées, partager cette prise de conscience avec d’autres, en faire un nouveau récit, générer des formes de solidarité, pour finalement se détacher des émotions et engager une lutte sur le terrain juridique.
Une grande partie de notre mal-être vient du fait que nous ne voyons pas – ou refusons de voir – les forces sociales qui nous traversent. Affronter le malaise, c’est peut-être commencer par les regarder en face.
À lire
Explosive modernité – Malaise dans la vie intérieure2, d’Eva Illouz, traduit de l’anglais par Frédéric Joly, collection Connaissances, Gallimard, mai 2025, 448 pages, 24 €.